Un déni d’humanité : Quelques mots pour Racha, tuée 3 fois!

Il est une question philosophique majeure qui se pose et se repose dans toutes les géographies et les temporalités ? A quelle moment l’humanité se voit -elle vidée de son essence ? Une partie de la réponse peut être formuler ainsi. -Quand elle dénie le droit au sienn.es d’avoir des droits -.
« L’ingéniosité » de la violence patriarcale réside en sa capacité systémique à déshumaniser les filles et les femmes et toutes celles et ceux qui se reconnaissent en cette identité.
Certains se demandent comment en ai-t-on arrivé là ? En quoi une fille de 19 qui a été violée et violentée, par un « homme », puis tuée par un autre, peut être responsable de ce qui lui arrive ?
La puissance du Victim Blaming dans le cas de Racha est sans limite. C’est l’histoire d’un horrible féminicide et de la façon dont il a été traité par la justice et par les médias. Ceci n’est que le résultat d’une société construite sur le mépris et la subordination des femmes, comme le disait si bien Simone de Beauvoir « “Le problème des femmes a toujours été un problème d’hommes.”, pour souligner la construction de représentations et pratiques misogynes et sexistes.
Racha a été tuée 3 fois, une fois poignardée par son père, une fois par la justice qui réduit la peine de celui qui lui ôté la vie, et une troisième fois par des médias sans éthique qui justifient le meurtre et son traitement légal par des propos haineux faisant de la victime la responsable de ce qui lui est arrivée.
On marche littéralement sur la tête et pour cette raison, il faut secouer la société en permanence afin de la remettre sur ces pieds. Remettre les choses en ordre et arrêter de blâmer les femmes et les filles pour des actes commis par les hommes et les garçons en toute conscience et au nom de valeurs décidés par eux-mêmes et pour le maintien de leur privilèges, de leur honneur et de leur lecture androcentrique de la société.
Revenons à Racha, et rappelons-nous qu’elle est morte, bel et bien morte dans des conditions inhumaines. Soyons toutes et tous sa voix et celles de tant d’autres dans une société, qui déni le droit d’être et d’exister en toute intégrité aux filles et aux femmes.
Ne nous taisons pas
Dr. BOUSSAID Khadidja, Sociologue et militante